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Type de textesource
TitreSur la peinture des anciens
AuteursFalconet, Étienne
Date de rédaction
Date de publication originale1781
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Date de reprint

, p. 36

[[6: Réfute le raisonnement de Caylus, selon laquelle la peinture des Grecs avait la même qualité que leur sculpture]] La première [[5:considération de Caylus]] consiste en ce qu\'Alexandre ayant un esprit éclairé, qui portoit tout au grand, ne voulut être représenté en peinture que par Apelles. Qu\'est-ce que cela prouve, si non qu\'Apelles étoit reconnu par Alexandre, pour le plus grand peintre du tems? Mais ce choix ne dit pas que l\'artiste connût comme Titien, Corrège, Rubens, Rembrandt, le prestige du clair-obscur. Alexandre qui n\'en avoit pas l\'idée, devoit être fort content des ouvrages de son peintre, puisque les plus difficiles connoisseurs d\'alors auroient bien eu tort de ne pas s\'en contenter.[...]

La seconde considération, si je ne me trompe, ne va pas mieux au fait. Il s\'y agit du tableau qui représentoit Alexandre en Jupiter prêt à lancer la foudre. Quelle grandeur de trait, dit M. de Caylus, quel feu d\'expression faut-il supposer dans le caractère de cette tête? Quelle intelligence de dessein et de couleur faut-il se représenter, pour admettre ce bras saillant et raccourci, qui portoit la foudre? Quelle justesse dans la position, quelle grandeur dans le choix, et quelle harmonie ne devoit pas être dans le tableau, pour avoir pu contenter la tête chaude d\'un Alexandre? Je ne vois pas qu\'il y ait à répondre à cela; puisqu\'Apelles y répondit si bien, le jour qu\'il avertit avec douceur Alexandre, qu\'il se connoissoit plus mal en peinture que les manœuvres qui broyoient les couleurs, et qu\'il n\'en pouvoit parler sans les faire rire. [[7: voir le reste dans Apelle Alexandre au foudre]]

Dans :Apelle et Alexandre(Lien)

, p. 36-38

[[6: Réfute le raisonnement de Caylus pour prouver que la peinture des Grecs égalait leur sculpture]] La seconde considération, si je ne me trompe, ne va pas mieux au fait. Il s\'y agit du tableau qui représentoit Alexandre en Jupiter prêt à lancer la foudre. Quelle grandeur de trait, dit M. de Caylus, quel feu d\'expression faut-il supposer dans le caractère de cette tête? Quelle intelligence de dessein et de couleur faut-il se représenter, pour admettre ce bras saillant et raccourci, qui portoit la foudre? Quelle justesse dans la position, quelle grandeur dans le choix, et quelle harmonie ne devoit pas être dans le tableau, pour avoir pu contenter la tête chaude d\'un Alexandre? Je ne vois pas qu\'il y ait à répondre à cela; puisqu\'Apelles y répondit si bien, le jour qu\'il avertit avec douceur Alexandre, qu\'il se connoissoit plus mal en peinture que les manœuvres qui broyoient les couleurs, et qu\'il n\'en pouvoit parler sans les faire rire. On pourroit seulement ajouter à la réponse d\'Apelles qu\'un roi destructeur qui se donne pour fils de Jupiter, est fort content, quand on le représente armé comme son pere, et prêt à lancer la foudre. Pour des bras en raccourci, qui paroissent sortir du tableau, on en peut faire, sans pour cela connoître à fond toute la magie de l\'art. Il y en a plusieurs exemples dans des tableaux vigoureux de couleur, harmonieux même, si vous voulez, jusqu\'à un certain point; mais sans intelligence absolue du clair-obscur: deux choses qu\'il ne faut pas confondre.

Nous ignorons à quel degré cette derniere partie dominoit dans le tableau d\'Apelles; mais quelque mérite qu\'il eut d\'ailleurs, nous savons qu\'on reprochoit à l\'artiste, d\'y avoir peint Alexandre avec un coloris brun et obscur, quoiqu\'il eût la carnation blanche, fraiche et vermeille, ce qui dans un portrait n\'est pas un petit défaut (voyez Plutarque, vie d\'Alexandre.)

M. le Comte de Caylus ajoute: un art doit avoir été poussé bien loin, quand on lui demande une pareille composition. Mais pas si loin, à ce qu\'il semble, puisque la demande n\'étoit que d\'une seule figure. On faisoit bien d\'autres demandes à l\'art du tems de Polygnote, c\'\'est-à-dire, 120 ans avant Apelles

Dans :Apelle, Alexandre au foudre(Lien)

, p. 53-54

M. le Comte de Caylus parle ensuite du prix excessif de la peinture ancienne, et donne ce prix pour une preuve de sa supériorité sur la sculpture. Il craint que par mauvaise foi, ou plutôt par ignorance, on ne dise que les peintres anciens étaient peu étendus dans leurs compositions; et voici comment il en use avec l\'ignorance et la mauvaise foi. Il rapporte les sujets de quelques tableaux, dont la composition pouvoit être étendue. Il finit justement par celui où Burlaque (sic) peignit le combat des Magnètes; ouvrage qui lui fut payé par le roi Candaule, au poids de l\'or: nous ignorons la grandeur et la pesanteur du tableau. Hélas, ce Burlaque vivoit plus de 300 ans avant qu\'aucun tableau méritât de fixer les regards; et nous pouvons en croire Pline qui nous l\'apprend. Cela s\'appelle appuyer son opinion sur un fait qui la détruit sans ressource. Car un lecteur conséquent dira: si on payoit ainsi des tableaux certainement au dessous du médiocre, il ne faut pas être surpris qu\'on en payât de beaucoup meilleurs à des prix excessifs; et leur beauté réelle n\'en étoit pas toujours la seule cause. Les premiers tableaux, quoique grossiers, ont du paroître des ouvrages divins, dit fort à-propos l\'abbé Du Bos.

Dans :Bularcos vend ses tableaux leur poids d’or(Lien)